Prise en main de la panne
Nous sommes dans la baie de Vigo, la ria la plus profonde de Galice, ria protégée à l’ouest par les Iles Cies. Nous avons bien l’intention de nous y rendre ! Voici un avant goût de ce parc naturel.
La partie nord de la ria est tapissée de cages pour l’élevage de moules. Vigo est aussi l’un des principaux port d’Europe avec des infrastructures impressionnantes (gigantesques grues pour charger et décharger les bateaux de leurs containers). Port de commerce donc mais aussi port de pêche et port où accostent d’énormes paquebots de tourisme. De plus, il y a 4 ports de plaisance dont celui où nous sommes, en panne de moteur, à environ 1 mille à l’ouest du centre de Vigo.
Nous avons attendu le mécanicien pendant 5 jours, ce qui veut dire que l’un d’entre nous devait toujours être présent à bord. Au bout de 5 jours il a fini par venir 5 minutes pour dire qu’il devait démonter pour diagnostiquer la panne. Puis il est repartit sans que l’on ait une date de démontage. Le planning d’intervention est full pendant les 3 semaines à venir. Un bateau de la Gardia Civil d’une trentaine de mètres est entrée en révision le lendemain de notre arrivée. Nous comprenons que c’est une priorité mais en même temps la capitainerie ne voit pas d’un bon œil que nous nous adressions à un mécano en dehors de la marina. Nous sommes coincés !
Du coup, nous avons pris les choses en main, enfin moi je suis juste la petite main. J’encourage, je recherche la documentation, je transmets les outils !
Benoit a démonté l’échangeur. Le moteur a un double circuit de refroidissement, un circuit fermé comprenant du liquide de refroidissement, un circuit ouvert faisant circuler de l’eau de mer. L’eau de mer passe au travers de tubes (environ 65 tubes de 2,5 mm de diamètre et 45 cm de long), cette eau refroidit le liquide de refroidissement qui à son tour refroidit le moteur. L’eau de mer est aspirée par une pompe et rejetée par une pipe qui au passage sera aussi la pipe d’évacuation de l’échappement.
Au démontage nous constatons la présence dans la manchon de quelques algues et de morceaux de turbines d’anciennes pompes à eau. Un nettoyage des tubes de l’échangeur s’impose et permettra un gain d’efficacité du refroidissement. J’ai donc nettoyé les tubes de l’échangeur avec une tige filetée, avec de l’eau et du vinaigre.
En démontant nous avons vu une pièce expliquant au moins en partie de la panne : la pipe d’évacuation de l’échappement et refroidissement moteur est cassée. Cette pièce en acier est complètement rouillée, il faut la remplacer.
Pour ce faire il faut impérativement réussir à enlever les 4 écrous de fixation, sans casser les tiges filetées (les goujons) sur lesquelles nous allons repositionner la nouvelle pièce. Opération délicate et pas facile. Forcer à la clé à cliquet pourrait casser la tige filetée. La pulvérisation de WD40 n’agit pas. Finalement chauffer l’écrou au petit chalumeau, en prenant le soin de ne pas chauffer la tige dilate l’écrou et permet de l’enlever. Ouf.
Il nous faut maintenant acheter la pièce de remplacement. Nous avons recherché les références, nous avions un risque non négligeable à ce que cette pièce ne soit plus disponible (le moteur date de 1992). Nous l’avons trouvée puis commandée. En espérant qu’elle nous soit effectivement livrée. Le site annonce un délai de 48 heures (super !) mais le système informatique a mentionné une livraison en France pour l’adresse à Vigo. Aie aie
Il n’est pas toujours aisé de se faire livrer des pièces à l’étranger. Les sites français ne le prévoient tout simplement pas. Les entreprises internationales quand elles ont des délégations nationales ne livrent que dans le pays de leur délégation. Mais l’identification des pièces, des tarifs, des conditions de montage etc… nécessitent des échanges techniques que nous ne sommes pas capables d’avoir en langue espagnole. Alors nous demandons une livraison en France, chez un intermédiaire (famille ou ami) qui nous renvoi la pièce !
Ainsi pour le changement de la roue du pilote automatique, Raymarine ne pouvait envoyer de pièces à l’étranger (son système informatique ne le permettait pas !) et il lui fallait la même adresse pour la réception de la pièce défectueuse que pour l’envoi de celle de remplacement.
Les conditions d’approvisionnement ajoutent des délais pour la réparation du moteur. D’autre part nous ne sommes pas certains d’avoir identifié toutes les causes de panne. Il faut attendre les pièces, remonter et alors tester le démarrage du moteur.
Benoit en profite pour vérifier le circuit de gasoil, pour le purger à nouveau (au cas où il y aurait des bulles d’air), pour changer la rampe de retour d’injecteur, changer les raccords Bandjo qui assurent l’étanchéité du circuit…
Par ailleurs la vie à bord est tranquille, la météo très humide. Les nuages sont bas, nous avons souvent du brouillard ou de pluie. Nous sommes comme confinés sur notre bateau, nous en profitons pour faire du rangement, du tri, des améliorations, de l’entretien… Je procrastine toujours pour faire du tri de photos.
Nous avons eu un gros coup de vent (47 nœuds dans la port), nous avons maintenant un vent du sud ou du sud-ouest, il fait doux 22 degrés le jour et 18 la nuit dans la bateau, sans chauffage.
Nous discutons avec quelques voyageurs, voisins de ponton : un couple de Mayorquais ayant travaillés pour Médecins sans frontière, lui en tant que logisticien, elle en tant que médecin épidémiologue et un autre couple en voyage depuis 2018 entre les Açores, Madère, la Galice et le Portugal. Nous sympathisons aussi avec François et Estelle, un couple trentenaires qui voyage depuis plusieurs années. Il sont un peu secoués par les gros ennuis qu’ils ont dus affronter. Après deux ans d’escale à Bordeaux pour refaire la caisse de bord, ils sont repartis en navigation au mois de juin 2024. Et le moteur a lâché, après maintes réparations, ils se sont résolus à le faire changer (gros chantier). Enfin repartis, ils viennent de se faire attaquer par un orque, dans la baie d’Arroussa au nord de celle de Pontévédra. Ils ont dus faire réparer leur safran et sont traumatisés, la crainte de rencontrer à nouveau des orques les tourmente. Ils ont acheter un pinger et François replit deux seaux de sable. Le pinger est un émetteur étanche qui émet des impulsions sonores assez puissantes pour repousser les cétacés . Les pingers sont utilisés par les pêcheurs pour éloigner les marsouins et dauphins des filets ou chaluts.
Laisser un commentaire